Reprendre une entreprise, s’associer : les questions à se poser.

Racheter un fonds de commerce, s’associer avec son patron, acquérir des parts sociales d’une société afin de reprendre une entreprise. Il s’agit là de choix décisifs dans une vie qui méritent que vous vous posiez les questions suivantes.

 

Est-ce que je veux devenir chef d’entreprise ?

Il s’agit de la première question à vous poser si vous souhaitez vous engager dans un projet d’association, de création ou de reprise d’entreprise ou de fonds de commerce.

Avez-vous l’âme d’un patron ? Ressentez vous le désir d’entreprendre, de gérer, de diriger, de manager parfois…

Le salariat, outre une certaine sécurité financière, vous exonère d’un certain nombre de responsabilités.

Devenir associé minoritaire ou majoritaire, ou reprendre un commerce, une entreprise peu importe sa taille vous transforme en responsable de l’activité.

Vous devez donc être capable de faire tourner la boutique : organiser l’activité, gérer les liens avec les partenaires de l’entreprise, gérer les salariés s’il y en a, et s’occuper de toute la partie administrative.

Certaines personnes ne sont pas rebutées par ces tâches alors que d’autres préfèrent se concentrer à 100% sur leur savoir-faire, leur activité.

Si vous êtes dans le second cas, le passage d’un statut salarié à un statut libéral impliquera que vous disposiez de ressources afin de gérer les activités inhérentes à la gestion d’une entreprise (conjoint ou salarié ou associé qui gère l’administratif, appui d’un cabinet comptable…).

Dans tous les cas, avant de vous engager il faudra être sûr de préférer : diriger que d’être dirigé, décider plutôt qu’exécuter et d’être capable de gérer les conflits et solutionner les problèmes.


Combien cela va me coûter ?

Tout dépend de l’entreprise que vous souhaitez acheter, ou des parts sociales ou du fonds de commerce que vous voulez acquérir et de votre habilité à négocier les prix.

En matière d’affaires, les prix résultent plus d’usage propre à certains secteurs, certaines professions que de lois ou de règlements.

Par exemple, en matière de cabinets d’avocats, l’usage est que le prix corresponde, plus ou moins, à une année de chiffre d’affaires HT.

Pour un site web, le prix est généralement fixé entre 5 et 20 fois le chiffre d’affaires mensuel.

Avant de faire une quelconque offre il vous faudra savoir ce que vous achetez et différencier ces différents cas :

  • Achat d’une entreprise : Vous achetez la totalité des parts sociales d’une entreprise et reprenez donc son activité, ses clients, son bail commercial, ses contrats existants, ses salariés s’il y en a. En clair, vous devenez l’entreprise. Le prix sera fixé en fonction des usages et de négociations.


  • Achat de parts sociales : Vous achetez un certain nombre de parts sociales d’une entreprise et vous vous associez donc avec une ou plusieurs autres personnes. Vous acquérez ainsi une partie de l’entreprise. Le prix correspondra aux pourcentages de parts de l’entreprise que vous acquérez. Si vous achetez 50% des parts, le prix de celles-ci correspondra au prix de l’entreprise divisé par 2.


  • Achat d’un fonds de commerce : Vous achetez l’emplacement, le nom commercial et la clientèle d’un commerce déjà existant. Il sera nécessaire de créer votre entreprise afin d’exploiter ce fonds de commerce. Le prix sera fixé en fonction de l’activité existante. Ainsi, un commerce en pleine activité dans le centre-ville aura un prix plus élevé qu’un commerce en sommeil en pleine campagne.

Attention toute opération d’achat de parts, de fonds de commerce… entraînera le règlement de taxes auprès de services fiscaux, outre les honoraires des prestataires (avocats, comptables) ayant réalisé l’opération.


Comment le financer ?

La meilleure des solutions en matière de financement est souvent celle qui n’est pas à la portée de tout le monde à savoir votre argent, votre épargne, vos économies, ou celles de vos proches.

A défaut, la voie la plus courante sera le recours à un emprunt auprès d’une banque.

Or, cela n’est pas si simple et dépendra de votre épargne, de l’entreprise au sein de laquelle vous souhaitez investir, du secteur d’activité…

Généralement, il vous faudra disposer d’un apport représentant 30% du prix d’achat de l’entreprise, du fonds, ou des parts que vous souhaitez acquérir. La banque financera les 70% via un emprunt pouvant aller jusqu’à 7 ans.

Attention il s’agit du cas classique de reprise d’entreprise. Pour certains secteurs, certaines activités ou si vous envisagez d’acheter une société ayant une activité ou un chiffre d’affaires assuré sur plusieurs années, des conditions moins strictes pourraient vous être proposées.

Également, les conditions d’emprunt seront plus ou moins facilités par la présence ou non de garanties , cautionnement personnel notamment, que vous pourrez offrir à la banque.

A défaut de disposer de fonds nécessaires ou de garanties à offrir à un établissement bancaire, les solutions suivantes peuvent être envisagées :

  • Le crowfunding : faire appel à des tiers pour financer votre projet de reprise ou de création d’entreprise.
  • La conversion de vos allocations Pôle Emploi (Pôle Emploi peut vous verser 45% du reliquat de vos allocations pour un projet de reprise ou de création d’entreprise. Cette somme sera versée pour moitié lors de la création de la société et pour moitié 6 mois suite au début de l’activité. Bien entendu des justificatifs doivent être fournis à Pôle Emploi.)
  • Le crédit vendeur : Celui qui vous cède l’entreprise, les parts sociales… accepte qu’une partie du prix (jusqu’à 50%) lui soit versée sous forme de crédit.

Ces solutions peuvent être cumulées.


Combien cela va me rapporter ?

Vous n’avez aucun moyen de savoir exactement combien va vous rapporter une entreprise que vous achetez. Sauf exceptions rarissimes. Ceci pour la simple et bonne raison que cela dépend de l’activité future, de l’avenir qui est imprévisible.

Comment savoir alors si l’achat ou le rachat d’une entreprise est une bonne affaire ?

Pour cela vous ne pouvez vous fier qu’à l’activité de l’entreprise avant que vous la repreniez en consultant les documents comptables de celles-ci : bilan et comptes de résultats des trois dernières années notamment.

Le résultat net de l’entreprise vous renseignera sur ce que vous pourriez gagner si l’entreprise maintenait son activité au même niveau après la reprise.

Si vous achetez seulement une partie des parts sociales, il faudra alors diviser ce résultat net par le nombre de parts.

Ensuite, il vous faudra soustraire les charges sociales (45% pour le régime des TNS, 25 pour les micro-entrepreneurs) afin d’obtenir votre rémunération nette.

Ex : vous souhaitez acheter 50% des parts d’une entreprise dont le résultat net est de 80.000€.

Votre rémunération sera de : (80.000€ x 50%) x 55%= 22.000€ annuels soit 1.833€ mensuels (or impôts).

Si vous achetez la totalité des parts de l’entreprise, il vous faut doubler cette somme.


Quelles démarches mettre en œuvre ?

Avant tout projet de reprise ou de rachat d’entreprise de fonds de commerce, il est nécessaire de consulter les documents comptables (bilans et comptes de résultats) relatifs à l’affaire que vous envisagez d’acquérir.

Ensuite, soit vous disposez de connaissances afin d’analyser ces documents et vous vous débrouillez seul, soit il est nécessaire de vous faire assister par un avocat ou un expert-comptable qui vous explicitera les informations contenues dans ses documents.

Il peut également être intéressant de discuter avec un banquier de votre projet et de lui soumettre les éléments dont vous disposez afin d’obtenir un financement.

En effet, généralement si le banquier s’engage c’est que l’affaire mérite d’être acquise

Puis, si l’affaire est intéressante, il vous faudra, après négociation concernant le prix, réunir les fonds nécessaires.

Enfin, pour conclure, vous devrez signer l’acte de vente. Pour ce faire, vous pourrez être assisté d’un avocat ou d’un expert-comptable.


Quels sont les risques ?

Le risque premier est d’acheter une entreprise non viable, de s’associer et découvrir qu’on a investi dans un gouffre financier ou de reprendre un fonds de commerce qui n’a pas de clients. En gros de faire une mauvaise affaire.

Afin d’éviter cela, il est nécessaire de bien se renseigner avant de s’engager et surtout d’être accompagné de professionnels afin de décortiquer les documents comptables et de rédiger un acte de vente vous protégeant au mieux.

Le risque principal en matière de rachat ou de reprise d’entreprises ou de commerce se situe dans le fait que l’activité ne vous apporte pas les revenus espérés.

Le risque supérieur est que vous fassiez faillite.

Un risque également possible relève du fait que vous ne vous entendiez pas avec votre ou vos associés.

Dans ces trois cas vous pourriez être tenté de quitter l’aventure entrepreneuriale.

Dans ce cas, il suffit de trouver un repreneur ou un nouvel associé, vous vendez vos parts et partez. Vous perdrez, outre les sommes liées aux opérations d’achat de parts (taxes et honoraires), la perte de valeur de vos parts. Vous avez acheté une entreprise qui faisait 10.000 de chiffre d’affaires mais elle n’en a fait que 5.000€, vous la revendrez 5.000€ et non 10.000€, vous perdrez donc 5.000€.

Si l’entreprise est en faillite toute la procédure de reprise se fera au tribunal, vous n’aurez pas la main.

Le risque financier en toutes hypothèses et que vous perdiez l’argent que vous avez investi, tout ou en partie.

L’autre risque est que si vous contractez un ou des emprunts et que vous étiez caution personnelle ou que vous ayez fourni votre maison en tant que garantie, une procédure soit diligentée par la banque concernant votre maison.

Toutefois, il existe des solutions à étudier en amont, avec un avocat ou un comptable afin d’éviter de se retrouver dans cette situation.

Enfin, le dernier risque réside dans le fait qu’en tant que chef d’entreprise, vous ne cotisez pas à l’assurance chômage. Ainsi, vous pouvez vous retrouver sans activité et sans aucun revenu suite à une cession de vos parts ou une faillite.

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